L’Institut de recherche Carré de Malberg - Université de Strasbourg enregistre son premier docteur du programmepause.fr
- Un programme à destination des chercheurs contraints à l’exil
Sous la direction du Pr. émérite Mme Florence BENOIT-ROHMER, M. Jean Jacques MADIANGA NKWEKIAL a soutenu sa thèse de doctorat en droit public ce vendredi 27 janvier 2023, sur le thème : « L’influence de la Cour de Strasbourg sur la Cour d’Arusha : un progrès vers l’universalité des droits de l’homme ? » Il est le premier doctorant de l'Université de Strasbourg (Unistra) soutenu financièrement dans le cadre du Programme national d’accueil en urgence des scientifiques en exil (PAUSE), mis en place en janvier 2017. Son dossier a été porté par son laboratoire d’accueil, l’Institut de recherche Carré de Malberg (IRCM).
- Une candidature justifiée par l’urgence
Pour bénéficier du programme PAUSE, les candidats doivent avoir le statut de doctorant ou d’enseignant chercheur dans leur université d’origine, justifier d’une situation d’urgence et être encore dans leur pays ou l’avoir quitté depuis moins de trois ans.
Originaire de la République démocratique du Congo, M. MADIANGA est parti de son pays dans un contexte politique extrêmement tendu. Le Président de la République, dont le mandat expirait en décembre 2016, avait multiplié des signes d’une volonté de briguer un troisième mandat en violation de la Constitution. À l’initiative d’un front citoyen, l’opposition à ce mandat s’est répandue dans tout le pays et le pouvoir y a répondu par une vague de répression. Comme il l’explique, « le climat de terreur qui a caractérisé cette période, les menaces de mort qui m’ont été personnellement adressées au téléphone et par courriel et la sensation de filature à chacun de mes déplacements ont eu une incidence directe sur mon travail d’avocat et d’enseignant à l’université. Ces événements m’ont contraint à partir ».
- L’après PAUSE
Pour Marie DEROCHE, référente unistra du programme PAUSE, « la soutenance de Jean Jacques MADIANGA constitue une très grande fierté non seulement pour lui et son unité de recherche, mais elle rayonne aussi sur toute l'université qui soutient de façon très engagée les étudiants et les chercheurs en situation d'exil. L'ensemble du comité d'évaluation des candidatures PAUSE a manifesté son émotion et transmet à M. MADIANGA ses plus vives félicitations pour le chemin accompli malgré les embûches, et la réussite de son doctorat (…) Il est très stimulant et encourageant pour l'université de voir que son accompagnement a pu contribuer au succès ».
À ce jour, l'Université de Strasbourg enregistre une dizaine de chercheurs en exil. En choisissant de leur venir en aide, elle les accompagne également dans leur insertion professionnelle. Quant à M. MADIANGA, il regagne le Congo où un poste l’attend dans les universités de Kikwit et de Nouveaux Horizons. Confiant, le nouveau docteur rassure : « la situation politique reste préoccupante, mais la persécution à l’encontre des personnes exerçant des métiers de libre expression a baissé de manière considérable ».
- La gratitude
La thèse en soi est un parcours empreint de solitude. Elle l’est doublement pour les scientifiques contraints à l’exil. À l’issue de sa soutenance, M. MADIANGA n’a pas manqué de remercier la sollicitude des personnes et institutions impliquées dans la formalisation de son contrat PAUSE. S’il admet avoir fait face à la solitude, à la précarité et au sentiment de déracinement, il soutient néanmoins qu’avec le recul, il ne lui parait pas excessif d’affirmer que sans PAUSE, il n’aurait jamais résisté à la tentation d’abandonner la thèse. C'est à juste titre qu'il souhaite longue vie à PAUSE afin, dit-il « (…) que de nombreux chercheurs fuyant la persécution trouvent l’opportunité de poursuivre leur travail dans un pays qui garantit et protège tant soit peu la liberté académique ».
Par Jules NYOBE
Chargé d'appui aux missions scientifiques Fru 6703